Moqueries, humiliations, insultes et violences… C’est ainsi que les victimes d’harcèlement scolaire souffrent en silence ! Une souffrance qui ne quittera jamais ceux qui ont été victimes, avec laquelle nombreux adolescents doivent construire leur vie d’adulte. Une peine aux multiples acteurs et aux multiples conséquences.
Le Harcèlement scolaire, est un phénomène qui a toujours existé entre les enfants et les adolescents. Toutefois, il se répand de plus en plus aujourd’hui dans nos écoles, et ce en grande partie à cause de l’évolution des réseaux sociaux. Aujourd’hui on ne parle plus que d’harcèlement scolaire mais ça va aussi jusqu’au cyberharcèlement.
Cependant qu’est-ce que réellement le harcèlement scolaire et comment ses victimes pourront s’en sortir ? C’est ce que nous allons voir dans cet article, avec l’aide du docteur Rima Ouichen pédopsychiatre.

HARCÈLEMENT SCOLAIRE, c’est quoi réellement ?
« C’est Dan Olweus (un psychologue suédo-norvégien) dans les années 1970 qui décrit le concept du « school bullying ». Le harcèlement scolaire (bullying) est défini comme un ensemble d’humiliations et de brimades répétées entre élèves, d’insultes et de moqueries ou encore comme une suite continue de ce qui est nommé « micro violences ». Nicole Catheline, pédopsychiatre française, distingue trois grandes stratégies d’harcèlement :
Harcèlement scolaire direct
• Le harcèlement direct qui englobe tout ce qui est moqueries, surnoms, insultes, coups, et dégradations matérielles…
Amira, 20 ans, affirme avoir été victime d’harcèlement scolaire au collège jusqu’au lycée. « Ça a commencé avec des petits surnoms, et des insultes, et ça a fini par des bousculades. Ils ont même essayé de jeter mes affaires. Ils se moquaient tous le temps de moi car je ne m’intéressais pas trop aux mêmes choses qu’eux. Je pense que le fait d’être différente et de ne pas avoir la même vision que les jeunes de mon âge, les dérangeait.

Aussi parce que je défendais tous le temps mes autres camarades de classes qui subissaient beaucoup d’harcèlement. Sur les nerfs, ils se disaient comment se fait-il qu’elle nous tienne tête. Au final, cela s’est retourné contre moi. Bien sûr au début je ne me suis pas laissé faire. J’avais un très fort caractère. Mais malgré cela, j’étais anéantie. Cette période m’a quand même beaucoup touché. Avoir une forte personnalité ne suffit pas ! », raconte la jeune fille.
Harcèlement indirect
Il existe aussi ce qu’on appelle le harcèlement indirect. C’est-à-dire la propagation de rumeurs, isolement de la victime, condamnation au rejet…

Mustapha, 14 ans en est une victime. « Au collège on a sorti des rumeurs sur moi comme quoi j’étais « gay ». La cause était un peu bizarre.Je parle tous le temps en français et je m’habille avec un style classique. Je ne comprends pas pourquoi on a tous besoin de s’habiller pareil et de parler tous avec la même façon. Chacun de nous a grandi dans un environnement différent donc il est tout à fait normal d’être différent. En plus, je n’ai pas besoin d’insulter les filles de ma classe ou fumer pour prouver que je suis un homme. Au bout d’un moment, j’en ai eu marre. Je me suis renfermé sur moi-même. Je ne participe plus en classe car à chaque fois que je parle on m’interrompe pour m’insulter», se désole-t-il.
Le cyber-harcèlement
Pour le cyber-harcèlement, il est défini en la propagation de diffamations sur les réseaux sociaux, usurpation d’identité et partage de photos ou de vidéos compromettantes.
C’est le cas de Yasmine, 22ans. «Au lycée, j’étais vraiment très naïve. Je subissais, déjà, un harcèlement à l’école car j’avais les cheveux frisés et un peu vide. Mais c’est parti très loin jusqu’au cyber harcèlement. A la base je n’avais pas trop confiance en moi donc j’étais prête à tout pour plaire. J’avais fait l’erreur d’envoyer mes photos à mon copain. Il les a utilisé et modifié avec Photoshop pour les partager sur les réseaux. A ce moment, tout le monde à l’école me regardait de travers. Sur les réseaux sociaux, c’était encore pire. Tout le monde venaient m’insulter en message privé et sous mes commentaires. C’était une période très difficile pour moi. J’étais perdue. J’ai failli mettre fin à ma vie en me taillant les veines. J’étais devenue dépressive », raconte-elle en retenant ses larmes.

Un décalage avec les autres jeunes, être un enfant précoce et avoir beaucoup de maturité avant l’âge, ne pas rentrer dans les codes et les normes (trop gros, trop mince d’après eux…), avoir une mentalité différente, être le premier de la classe et meilleur que les autres dans tout. Tout cela incite les harceleurs à s’en prendre aux victimes.
Ce qu’il faut aussi savoir, quand on parle d’harcèlement scolaire, on ne pense qu’au harcèlement entre les élèves. En réalité, le harcèlement peut se passer dans tous les sens. Les élèves peuvent être harcelés par leurs camarades de classes mais aussi même par leurs professeurs. Une chose est sûre: ce n’est pas du tout une affaire à prendre à la légère.
Des séquelles à vie ?
Du décrochage scolaire et de l’anxiété jusqu’au suicide, les conséquences peuvent être dramatiques.

Dr. Rima Ouichen, pédopsychiatre, nous dessine, avant tout, les profils. « Chez les victimes, nous remarquerons un isolement social vis à vis des parents et des enseignants. Ils manifestent une confiance en soi fragilisée et des difficultés émotionnelles. de l’autre côté, chez l’harceleur il y a cette recherche du pouvoir et de la dominance. Il y gagne souvent une forme de popularité, de statut, de prestige, d’influence sociale sur le groupe. Les harceleurs sont confortés dans leurs actes par l’absence de réaction des témoins ou leur éventuel soutien.
Autre trait de caractère : les harceleurs éprouvent des difficultés avec leur propre vulnérabilité. Ils sont durs, peu empathiques et peu ouverts à la remise en question », explique Dr. Ouichen. Pour ce qui est des conséquences, elles sont graves chez les victimes comme chez les agresseurs.
Les victimes vivent, selon notre spécialiste, un stress continu, provoquant altération identitaire et effondrement des croyances.
« Le bouleversement émotionnel peut aboutir à des psychos traumatismes, avec un état de stress post-traumatique chronique. Une situation qui augmente le risque, en fin d’adolescence et à l’âge adulte, de présenter des problèmes de santé mentale. Elles présentent davantage de troubles du comportement alimentaires, de troubles anxieux et dépressifs. Ils sont alliés à un manque de confiance en soi. Chose qui peut conduire à des gestes suicidaires, avec une plus grande instabilité, des difficultés scolaires et des troubles psychosomatiques. Peu à peu, le comportement de la victime se modifie pour se protéger. On peut noter des retards pour aller à l’école, ou en revenir, absentéisme, changements d’habitudes de vie, aggravant le rejet par les autres », souligne notre médecin.
Comment s’en sortir ?
Comme nous avons pu le constater avec le témoignage de Yasmine, la maison n’est même plus un refuge pour ses victimes. La cause est que le harcèlement les poursuit partout, même sur les réseaux sociaux. Néanmoins, il existe plusieurs solutions et conseils pour faire face à ce fléau.
Dr. Rima Ouichen nous en cite quelques-uns. « Les campagnes de sensibilisation contre ce harcèlement sont essentiels à l’école, au sein de la famille et dans la société.

Il faut aussi mettre en place des programmes et des règles de lutte contre le bullying au sein de l’école. Il est important d’y associer des mesures d’informations, de prévention et de traitement des cas d’harcèlements. Le rôle des parents est primordial. Ils doivent rassurer leur enfant et adolescent en cas d’un éventuel harcèlement scolaire», souligne notre pédopsychiatre. Une prise en charge pédopsychiatrique et psychologique de la victime et sa famille sont tout de même, un passage inévitable.
Harcèlement scolaire: LE CONSEIL
Les jeunes ont du mal à s’exprimer notamment à leurs parents sur le sujet du harcèlement scolaire. Toutefois, ils oublient que pour s’en sortir, il faut absolument en parler. Libérer la parole est essentiel ! Les enfants ne peuvent pas affronter leurs douleurs seuls. Il faut faire en sorte que les victimes d’harcèlement puissent être aidés tout de suite. L’ important est que leurs paroles soient prises au sérieux. Il faut impérativement qu’ils soient entendus mais surtout protégés.

Et puis, quand on parle d’harcèlement scolaire c’est important de parler de tous les acteurs qui doivent jouer leur rôles. En premier lieu, les témoins. Il s’agit des camarades de classes, qui ont vu des choses, mais aussi très certainement les profs et les surveillants. L’effet de groupe est vraiment dur à encaisser. C’est pourquoi, il suffit qu’une personne réagisse et l’histoire peut changer. The rule says: quand on n’est pas la cible, on est la solution.
En effet, le harcèlement scolaire est atroce ! Il peut laisser en vous des séquelles toute votre vie mais seulement si vous en décidez ainsi ! Votre guérison intérieure est entre vos mains. Prenez-le comme une force qui vous aidera à forger votre personnalité.
TOUT LE MONDE PEUT S’EN SORTIR, même vous !



