L’autopalpation mammaire est une série de gestes faciles pratiqués régulièrement afin de permettre aux femmes de se familiariser avec leurs seins et de détecter tout changement ou anomalies. Dans cet entretien express, Docteur Hadjer Hadjyoub, gynécologue au CHU Lamine Debaghine (ex-Maillot), répond à toutes nos questions. Elle décortique aux lectrices de Miqat Mag cet auto-examen nécessaire dans la prévention du cancer du sein.
A quel âge peut-on commencer une autopalpation ?
L’autopalpation n’est pas comme la mammographie qu’on commence à 40 ans. C’est un geste qui doit faire partie de nos habitudes dès le jeune âge. Cela concerne toutes les femmes mais beaucoup plus celles qui présentent des facteurs de risque. A titre d’exemple, un cancer du sein dans la famille, surtout si cet antécédent est du premier degré, à savoir la maman ou la sœur.
Une autopalpation doit être pratiquée une fois par mois. De préférence un jour après la fin du cycle. Il faut savoir que les symptômes prémenstruels font sortir tout ce qu’est masse ou anomalie. D’où l’efficacité de l’examen juste à la fin des règles. Pour les femmes ménopausées, elles doivent fixer une date de chaque mois pour s’auto-examiner d’une façon régulière.

L’autopalpation est-elle obligatoire même après une ablation du sein ?
Oui ! L’autopalpation du sein restant est obligatoire. Ceci n’est pas le cas en cas de mastectomie complète, c’est-à-dire ablations des deux seins. Il faut savoir que ce geste chirurgical est le traitement radical du cancer du sein. La patiente suit généralement des séances de chimiothérapie et aura un protocole de contrôle jusqu’à ce qu’elle soit déclarée guérie.
Quels sont les signes qui doivent nous inquiéter après une autopalpation ?

Pour connaitre les anomalies qui devraient inquiéter après une autopalpation, il faut tout d’abord savoir que cette dernière commence par un examen de l’aspect des seins. Les signes qui doivent alerter sont tout changement de taille ou de forme et un changement de la couleur de la poitrine, comme des rougeurs, des bleus ou autres.
Il faut s’inquiéter si une altération du mamelon ou de la peau ou des enflements sont décelés. Si lors de la palpation, une masse de la taille d’un pois chiche ou plus est détectée, la consultation d’un médecin est une urgence. Il faut savoir que l’absence d’anomalie n’exclut pas l’importance d’une mammographie. L’autopalpation reste un examen subjectif surtout chez les patientes qui ont une poitrine généreuse. Le gras peut rendre difficile de mettre en évidence une masse suspecte.
A votre avis, le délai de deux ans entre deux examens n’est-il pas un peu trop long ?

C’est une question qui revient souvent. Il faut savoir que ce délai est établi suite à des études sur le développement et l’évolution du cancer du sein. Dans une mammographie, c’est le système BIRADS de l’American College of Radiology (ACR). Il est utilisé pour classer les images mammographiques en 5 catégories. En ACR 1, la mammographie est normale. En ACR 2, des anomalies bénignes sans gravitésont décelées.
A ce stade, aucune surveillance surveillance ou examen complémentaire ne sont nécessaire. Dans ces deux catégories, la mammographie est refaite chaque deux ans. Ce délai est écourté en cas de stade ACR 3 où l’image mammographique démontre une anomalie probablement bénigne mais pour laquelle une surveillance à court terme (3 ou 6 mois) est conseillée. Dans un ACR 4, l’examen dévoile une anomalie indéterminée ou suspecte. En ACR 5, l’image est révélatrice d’une anomalie évocatrice d’un cancer. En cas d’images ACR 4 ou ACR 5, des prélèvements par biopsie percutanée sont alors nécessaires. Il faut savoir que ce délai de 2 ans n’est pas une norme fixe. En cas d’image ACR 3 ou d’une détection d’une quelconque anomalie, le recours à cet examen radiologique est indispensable.



