Chaque automne, en Kabylie, une tradition séculaire reprend vie : la cueillette des olives. Cette activité, profondément ancrée dans la culture locale, ne se limite pas à une simple récolte agricole. C’est une véritable fête communautaire, un moment de partage et de transmission, où les familles perpétuent les mêmes rites et gestes, saison après saison.
Dès les premières lueurs de l’aube, le village s’éveille dans une effervescence palpable. Les femmes s’affairent dans les cuisines, préparant couscous, petit lait, crêpes et beignets, soigneusement emballés pour nourrir la tribu au cours d’une journée intense. Les enfants, excités, se préparent à accompagner leurs parents dans les champs. Ils savent que ce jour restera gravé dans leur mémoire.
Le soleil à peine levé, un cortège bigarré s’élance sur les sentiers sinueux. Des paniers chargés de provisions, des draps pour recueillir les olives, et des bâtons pour secouer les branches rythment leur avancée. Dans une ambiance joyeuse, les chants des femmes résonnent, repris en chœur par les hommes, tandis que les rires des enfants ajoutent une note de gaieté.
Une fois sur place, chacun trouve sa place dans cette danse bien orchestrée. Les plus habiles grimpent dans les oliviers, armés de bâtons pour faire tomber les fruits, pendant que d’autres ramassent les olives à même le sol ou dans des filets étendus sous les arbres. Conversations et chansons s’entremêlent. L’effort physique se transforme en un véritable moment de convivialité. Les enfants, eux, se lancent dans une chasse joyeuse, courant après les olives qui roulent hors des filets pour aller se cacher dans l’herbe.
Une pause méritée sous le signe du partage
Quand midi sonne, c’est l’heure de la pause. Sur l’herbe fraîche, un véritable festin s’étale. Couscous parfumé, galettes dorées et lait caillé, le tout partagé dans la bonne humeur. Les histoires amusantes fusent, les rires éclatent, et ce moment de répit resserre les liens entre les générations.
Mais déjà, il faut reprendre le travail. Les tas d’olives grossissent, les filets se remplissent, et la satisfaction se lit sur les visages. Vers 17 heures, les villageois rassemblent leurs affaires et transportent les sacs remplis d’olives jusqu’à l’huilerie. Là, un autre spectacle se joue. Les fruits sont broyés, puis pressés dans des sacs d’alfa, libérant un liquide doré, symbole de richesse et de générosité.
L’huile d’olive, trésor des campagnes kabyles
Avant de rentrer, un rituel incontournable s’impose : goûter l’huile nouvelle. Autour d’une assiette, chacun trempe un morceau de galette dans ce précieux nectar, savourant le goût authentique de la récolte. Les visages s’illuminent, et la fierté du travail accompli réchauffe les cœurs.
L’huile d’olive, réputée pour ses mille vertus, est ensuite stockée avec soin dans des jarres. Elle accompagnera les repas des familles jusqu’à la prochaine saison, témoignant une fois encore de l’importance de la tradition de cueillette des olives dans le quotidien des habitants.
